La mi-été à La Thuile

Ce poème de l'été 1908, est à la gloire de l'établissement tenu à l'époque par Jean-Marie et Jeanne Brand.

 

Sous le dernier sommet,

De notre vieux Salève,

Un doux abri s’élève.

Heureux qui le connaît

Sous le dernier sommet.

 

Nous qui le connaissons,

Nous l’aimons entre mille

Le chalet de la Thuile.

Et nous y revenons,

Nous qui le connaissons.

 

On y vit sans façon ;

Les gestes de la ville,

Au chalet de la Thuile,

Ne sont pas de saison.

On y vit sans façon.

 

On y rit de bon cœur,

Et parfois on y danse,

Tant pis si la cadence

Chicane les dormeurs,

On y rit de bon cœur.

 

Notre salle de bal,

C’est la vaste cuisine.

Les valseurs y patinent

Car il est sans égal

Notre plancher de bal.

 

Si tu veux être admis,

Ce n’est point une auberge,

Si tu veux qu’on t’héberge,

Viens y comme ami,

Si tu veux être admis.

 

Il faut savoir entrer,

En passant qui demande,

Le chien qui commande,

Se verra rembarré,

Il faut savoir entrer.

 

C’est un pays de loups

Disait une comtesse.

Bien sûr, lui dit l’hôtesse,

Pourquoi venir chez nous,

C’est un pays de loups.

 

La dame de céans,

N’est point cabaretière,

Elle est propriétaire,

Et femme de talents,

La dame de céans.

 

Si le ciel me permet

De choisir ma retraite,

Que ma chambre y soit prête,

Là-haut dans le chalet

Si le ciel me permet.

 

Août 1906

John Bérard (1)

 

(1) John Bérard (1869-1908). Secrétaire du département del'Instruction Publique de Genève en 1894 puis maître au collège, après avoir été membre de plusieurs commissions cantonales. Il est également membre des Belettriens de Genève, association regroupant des amoureux des belles-lettres.